32                           HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
en menant de: front d'autres travaux dont la mention nous a égale­ment, été conservée.
Le prix de chaque frise composée de quinze sujets était fixé, d'après les comptes, à la somme de 1,000 francs, soit environ 8 à 9 francs le mètre. C'est le prix courant des ouvrages de cette nature exécutés par Bataille. Si les tapisseries communes à armoiries ou à fond semé de fleurettes sont évaluées seulement de 18 à 24 sous le mètre carré, les tentures soignées, .comportaut de grandes figures etdes scènes compliquées, se payent régulièrement 8 et 10 francs. Le prix de la tenture des Joutes de Saint-Denis, commandée un peu plus tard à notre tapissier, sera fixé à 9 livres 12 sous l'aune carrée.
La suite de Y Apocalypse, malgré l'énormité de la tâche, .'n'absorbe pas notre maitre tapissier au point de l'empêcher de vaquer à d'autres travaux. Il termine en même temps, c'est-à-dire en 1378-1379, toujours pour le duc d'Anjou, une tapisserie à l'Histoire de la Passion, une autre avec des scènes tirées de la Vie de la Vierge. Notons que souvent le comptable indique, sous une mention vague et indistincte, plusieurs tapis à images, sans prendre le soin d'en détailler les titres.
Les comptes, du duc d'Anjou s'arrêtent brusquement en 1379. C'est bien regrettable; car bientôt ce Mécène va manquer à notre tapissier, qui se trouvera réduit, à employer ses métiers et son talent à des besognes d'un ordre tout à fait inférieur.
Si nous insistons longuement sur la tapisserie d'Angers, c'est qu'elle nous offre un des spécimens les plus anciens de l'art que nous étudions. A peine peut-on citer une autre pièce encore exis­tante datant du xrve siècle. Quel que soit d'ailleurs son intérêt, la tapisserie appartenant à M. Léon y Escosura, et dont'on trouvera ici le dessin, ne saurait entrer en comparaison avec Y Apocalypse du duc d'Anjou. D'abord son auteur est inconnu; on ignore la date exacte de sa fabrication. Son attribution au xive siècle offre sans doute toutes les garanties de vraisemblance; encore ne sait-on pas si son exécution a précédé ou suivi celle de Y Apocalypse.
Quant aux tapisseries d'origine allemande conservées à Nurem­berg, au musée national de Munich ou dans des collections par­ticulières, et qu'on fait remonter à la même époque, nous ne pouvons que répéter ce qui a été dit plus haut et faire remarquer de nouveau qu'on n'a produit jusqu'ici aucun argument authen­tique et décisif en faveur de leur ancienneté. Elles sont pour nous